mercredi 15 février 2017

Gymnaste




Lucien – Rue de l’Aiglon

Lucien a mal à l’épaule. Il a toujours souffert de cette épaule. Dans le temps il a fait beaucoup de gymnastique et il se l’ait abimée aux anneaux. Dans le temps, on ne soignait pas trop les blessures et puis en tant que charpentier à soulever de grosses poutres, il ne s’est pas arrangé. C’était toujours latent, il y a deux ans il a fait un faut mouvement en voulant  enlever un tablier et les tendons ont craqué. Le chirurgien a préconisé l’opération, Lucien n’a pas voulu. Il ne fait plus de sport, ne travaille plus alors il ne va pas s’embêter à rester 6 mois le bras en écharpe.
Lucien a commencé la gymnastique à l’ETOILE SPORTIVE MONTOISE à Mont de Marsan, il avait 10 ans. C’était pendant la guerre. Son père n’était pas là alors il est retourné avec sa mère dans sa famille à elle.
Après la guerre, retour à Dax où Lucien intègre la JAD – JEANNE D’ARC DE DAX- Un club de gymnastique catholique où il a fait les championnats jusqu’à l’âge de 30 ans. Il faisait de tout : la barre fixe, le cheval d’arçon, les barres parallèles, les anneaux… Il a été champion de France par 3 fois avec son équipe. Ils allaient dans tout le pays.
Quand il s’est marié, il a arrêté et il avait une entreprise à mener. Il ne pouvait pas tout faire mais il a toujours fait partie du club en tant que bénévole. Ainsi, le club a organisé plusieurs fois les championnats de France à Dax. Lucien se chargeait de l’accueil des gymnastes.
Lucien est né en 1933. Ses grands-parents avaient habité le Sablar. Avec ses parents ils habitaient vers l’ancien hôpital, rue Joseph Darqué. Lorsqu’il s’est marié il a logé avec sa femme dans un appartement à côté de chez Coco Lafitte. Un conseiller municipal lui a proposé un terrain ici.
Il l’a acheté en 1962 et  il a mis 2 ans à construire sa maison. Il y a travaillé tous les soirs, tous les week-ends et tous les jours de fêtes durant 2 années. Son père ou son beau frère venait l’aider de temps en temps. Quand il a fait les fondations son beau-père lui a dit « Qu’est ce que vous êtes en train de construire ? Un château ? ».
Jean a fait construire sa maison en même temps que Lucien. Ils sont voisins depuis 54 ans. A l’époque chacun travaillait alors ils ne se voyaient pas. A la retraite, ils se sont fréquentés plus tout en restant chacun chez soi.
Aujourd’hui qu’ils sont  veufs, ils se voient tous les jours et deux soirs par semaine Lucien va chez Jean pour regarder le rugby. Lucien n’aime pas le foot, pour lui les joueurs de foot sont des pousses citrouille.
Lucien ne va jamais au stage voir les matchs de rugby. Il a arrêté d’y aller en 1962 quand il a démarré le chantier de la maison et puis il préfère les regarder au chaud chez lui ou chez Jean, bien installé dans un fauteuil avec un petit jus de fruits.
Lucien aime son quartier. Il s’entend très bien avec tous ses voisins. Dans la rue, ils se retrouvaient souvent à 50 pour des repas de quartier à l’occasion du 14 juillet ou des fêtes de Pâques.
Et puis, l’un a commencé a décéder, puis un 2eme.. et maintenant ils ne restent que quatre mais ils continuent à se retrouver pour ne pas perdre les bonnes habitudes. L’été quand il fait beau, ils font des moules frites sur la terrasse derrière et ils mangent l’omelette de Pâques chez Madame Ducasse.
Lucien a longtemps fait parti du Comité des fêtes des Tonneliers avec Coco. Autrefois il y avait énormément d’animations dans le quartier et chacun donnait de lui-même. C’était le petit train, les spectacles, les défilés, le bal costumé, la course cycliste, le carnaval, la fête !
Tous les jeudis, Lucien va jouer aux cartes à la salle des Jonquilles. Le mardi et le vendredi après-midi, il y a les aides ménagères et il est obligé de rester chez lui.
Cécile, la femme de Lucien est décédée le 16 juillet 2015 après 54 ans de mariage. Tout seul, Lucien fait ce qu’il peut. Sa femme aimait beaucoup la photo. A chaque voyage, elle ramenait au moins 500 photos.
La petite fille de Lucien fait une école d’audiovisuel, elle apprend le montage.  Elle fait des photos magnifiques.


Chez Monique




Monique et Lucien, avenue des Tuileries

Monique s’est marié avec Lucien en juin 1960 et ils sont venus habités le Sablar. Le jeune couple s’est installé dans un appartement impasse Lafitte. C’était  une cuisine et une chambre avec juste un robinet d’eau. Lucien allait aux douches municipales rue de la Tannerie. Monique n’y allait pas, elle faisait sa toilette avec une bassine, le haut, le bas, elle faisait chauffer l’eau. C’était comme ça autrefois. Ils sont restés dans cet appartement juste quelques mois et sont venus s’installer 82 avenue des Tuileries en mars 1961.  Le 19 mars 1964 Monique a repris le bar  en gérance en dessous de chez elle qu’elle a baptisé « Chez Monique ».
Le propriétaire a voulu récupérer leur appartement alors avec Abel ils ont acheté la maison du 88 pour s’y installer et le bar « Chez Monique » a suivi.
Abel travaillait à l’extérieur, il était électricien. Monique faisait le bar et des petits casse-croûtes. Elle cuisinait des choses simples, des œufs frits, de la ventrèche, l’entrecôte… C’est les clients qui amenaient ce qu’ils voulaient et Monique le faisait cuire. C’était surtout les casse-croûtes du matin pour les ouvriers. Les gens consommaient du vin qu’elle faisait venir de la campagne en barrique, du vin de Pouillon, de Gaas, de Heugas dont elle est originaire.  Les clients donnaient toujours un petit quelque chose pour la cuisine que Monique plaçait  dans une tire lire cochon et  qu’elle mettait ensuite à la Caisse d’Epargne pour les enfants.
D’avoir le bar, a permis que Monique soit toujours là pour ses enfants. Elle pouvait ainsi toujours s’occuper d’eux. Dès qu’ils ont eu 12 ans, ils aidaient au service.
Quand Abel a pris la retraite en 1990, il est venu travailler au bar et à partir de ce moment là ils proposaient des repas le samedi soir. C’était toujours sur réservation car ce n’était pas un restaurant ordinaire. Ils cuisinaient le poulet aux oignons, la daube…
Durant les fêtes de Dax, ils installaient une grande bâche tout le long de la porte et ils servaient jusqu’à 80 repas par jour. C’était haricots Taureau ou daube de taureau, le matin à partir de 9 heures, toujours sur réservation par des gens de leur connaissance. Ce n’était pas un restaurant finalement ! C’était surtout un lieu de rencontre, de convivialité et d’amitié.
Monique a tenu le bar durant 40 ans. Elle l’a ouvert tous les jours, dimanches et jours fériés compris et n’a jamais pris de vacance. Elle a fermé le 31 décembre 1999.  Elle  n’en pouvait plus de la tête, elle n’en pouvait plus d’entendre les clients discuter de la chasse, de la pêche, du rugby, de la politique.  
Elle avait commencé à travailler à l’âge de 15 ans comme employée de maison chez DAGES. Les DAGES étaient une famille de commerçants de Dax, épicerie fine et droguerie ;  à l’époque ils avaient le CODEC. Monique travaillait pour la famille, elle faisait le ménage, la cuisine, la lessive à la main. Elle était logée au 3eme étage de l’immeuble. Elle était bien traitée et a connu avec eux une vie de famille extraordinaire. Il n’y avait aucune différence entre les membres de la famille et les employés. Elle en est sortie à 21 ans pour se marier. Monique a connu Lucien dans un bal. Au début elle ne voulait pas le voir car il portait un blouson noir et puis quelques mois après, en été, il l’a séduite.  
 Elle arrivait de Heugas. Ils étaient 7 enfants, elle était l’avant dernière. Ses parents étaient paysans. Sa mère était paralysée de tout le côté droit du corps depuis l’âge de 30 ans, suite à un grave accident de vélo.  Monique l’a toujours vue comme ça et n’a pas connu de maman autrement. Sa mère est morte de chagrin suite au décès de son père. Ils étaient très unis malgré tous leurs malheurs. Les parents de Lucien, c’était pareil, ils s’aimaient  énormément. Leurs parents respectifs ont été pour eux  de beaux  exemples.


 

Positive !



Jocelyne –Impasse des Batteliers

Jocelyne est née à Gosse, un petit village à quelques kilomètres de Dax, dans une famille de paysans qui pratiquait l’échange, le partage et la solidarité.
Quand elle est arrivée là, son premier réflexe a été de se présenter aux voisins. Ainsi, elle est devenue amie avec Colette et avec Michel et Chantale. Cela lui a permis de se sentir mieux dans son petit logement.
Elle a aménagé en 2015. Elle était de Dax. Elle y avait travaillé en tant que responsable d’un magasin au Grand Mail. Puis, elle avait tout laissé tomber pour un homme, partie au bout de la France. Dix ans plus tard, elle revient sans rien. Il a fallu que Jocelyne redémarre sa vie à zéro.
En 2011, elle est tombée gravement malade avec à la clé une lourde opération à cœur ouvert. Maintenant Jocelyne a une valve toute neuve. Elle est arrivée dans cet appartement par hasard. C’est le seul qu’on lui a proposé. Aujourd’hui elle est assistante de vie dans une classe pour aider un enfant handicapé à mi-temps et elle bosse aussi pour une société en tant que nounou à domicile. Elle a des horaires très « baroques ». Elle arrête l’école à 16h et prend son travail de nounou à 19h. Elle fait aussi des gardes le soir. C’est à la demande car elle est réserviste. Tout ça en CDD, la précarité n’est pas loin.   
Jocelyne n’a pas pu reprendre son ancien métier de commerçante car elle ne rentre pas dans les stéréotypes. Elle ne fait pas du 34 ! Et avec tous ce qui lui est arrivé elle n’adhère plus au monde si particulier de la vente, à la compétition, à la rentabilité. Les enfants qu’elle côtoie lui apportent un amour sans condition. L’âge, le poids, l’apparence ne rentrent pas dans leurs critères. Ils apportent à Jocelyne une vraie bulle de bonheur qui lui a permis de rebondir.
En parallèle, elle s’occupe bénévolement d’une équipe de basket. Elle aide l’entraineur à initier les petits de 5 ans à la pratique. Jocelyne est une ancienne joueuse.
Malgré tous les aléas de la vie, Jocelyne reste très positive. Elle regarde toujours le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. C’est important.  Elle est en vie et a deux enfants magnifiques. Elle est très proche d’eux.
Si on avance pas, on déprime et on ne fait rien.
Jocelyne a une passion pour la peinture. Il y a un an, elle s’est mise à peindre. En fait, elle ne savait pas qu’elle savait peindre. Ces enfants ont provoqué la chose en lui offrant des cours dans un atelier créatif rue Saint-Vincent de Paul. Elle peint quand elle ne va pas bien. Peindre la calme, lui permet de se poser et de mettre sur la toile toutes ses mauvaises humeurs.
Jocelyne se dit fière de son parcours parce qu’elle s’est redressée.


jeudi 19 janvier 2017

Danseuse étoile




Alexia –Rue de la Tannerie

Alexia a 7 ans et va à l’école du Sablar. Le nom de l’école a changé. Maintenant c’est l’école Simone Veil.
Alexia habite dans un grand appartement au 6eme étage depuis qu’elle est toute petite. Elle n’aime pas trop l’ambiance de l’école car il y a des bagarres, des disputes, des gros mots. Elle ne s’en mêle pas. Elle essaye de calmer ses camarades. Elle n’aime pas la violence. Il va y avoir de nouvelles règles qui vont être mises en place et  elle espère que cela ramènera le calme.
Alexia aimerait avoir une petite sœur pour jouer avec elle. Quand sa maman n’est pas là et qu’elle s’ennuie, Alexia joue des rôles et se parle toute seule. Elle a beaucoup d’imagination et elle aime dessiner. Dessiner la calme quand elle est en colère.
Quelquefois elle est bloquée sur des devoirs et son papa l’aide beaucoup. Sa maman est médecin à l’hôpital de Dax.
Alexia fait du basket à Candresse et à Dax. Elle est dans deux clubs pour mieux s’entrainer car elle veut progresser.
Elle a plein de doudous. Les 3 principaux sont dans son lit. Il y a un ours qui s’appelle Louna, un hyppopotame qui se prénomme Boby et Charlotte aux fraises qui est une petite fille en tissus. Elle préfère Louna parce qu’elle est toute chaude et elle la serre fort dans ses bras le soir pour s’endormir.
Alexia est heureuse car elle est avec ses parents et qu’ils l’aident. Ils l’aident pour qu’elle devienne intelligente.

Elle voudrait être danseuse étoile.

Tout est fini




Manuel –Rue des Phalènes

Manuel habite dans sa maison depuis 36 ans. Il l’a entièrement construite de ses mains. Il était maçon. Sa femme est  morte d’un cancer il y a 3 ans. Il ne s’y habitue pas. Elle faisait quelques heures de ménage et s’est occupée des enfants. 
Deux fois par semaine, le mardi et le jeudi Manuel va jouer aux cartes à la salle des Jonquilles et les autres après-midis il se rend au Parc des arènes pour jouer à la pétanque. Il ne peut pas rester enfermé chez lui.
Félix et Chantal, ses voisins, sont venus au moins 6 ou 7 fois dans sa maison au Portugal. Pour lui, maintenant tout est fini. A 82 ans, il cultive encore son jardin . Il s’était marié avec Maria à Guarda, au Portugal en 1956 et ils sont venus en France, à Clermont Ferrand en 1962. Maria l’a rejoint avec leurs deux enfants, le dernier est né en France.
 Cela fait 52 ans que Manuel est en France. La France c’est son pays !
Maintenant qu’il est seul, Manuel fait tout dans la maison. Il y a juste une femme de ménage qui vient une fois par semaine surtout pour le repassage. Dans la maison,  tout est resté exactement comme quand Maria était là.
Demain à 17h30 Manuel se rendra à la Mairie  pour la remise des prix du CONCOURS DES MAISONS FLEURIES, il amènera Marie-France qui est en panne de voiture.  

La Sablaraise




Géraldine – Allée Pampara

Géraldine est née le 20 mars 1986 à 20 heures à l’hôpital de Dax, c’est une pure Dacquoise et pure Sablaraise !
Elle a tout le temps vécu ici, dans sa maison. C’est la maison de ses parents. Elle a fait ses premiers pas au 30 allée Pampara chez Claudine, une voisine et une amie très chère, en face du garage Alpha Roméo.
Elle a passé toute sa scolarité à l’école du Sablar où ses enfants sont aujourd’hui. Rien n’a changé dans cette école. Il y a toujours Isabelle, Christine et Rose-Marie, fidèles au poste.
Géraldine a perdu son papa le 24 avril 2007 et elle a hérité de la maison, pour elle il était hors de question qu’elle la quitte. Tout l’attache au quartier : son enfance, les souvenirs, l’amitié avec les voisins. Ici tout est à proximité, la gare et le centre ville. Le Sablar c’est sa vie et pour rien au monde elle ne le quitterait.
Depuis peu, Géraldine est membre du Conseil Citoyen du Sablar.
Son mari est arrivé en France en 2006. C’est un pur portugais originaire de Porto. Il est coffreur-brancheur. Géraldine l’a rencontré dans un magasin portugais de l’avenue Saint-Vincent-de-Paul où elle aidait la patronne.
Ils ont deux enfants Laélia et Soan. Ils ont des prénoms originaux parce qu’elle aime bien sortir de l’ordinaire.
Géraldine est agent d’entretien hospitalier en psychiatrie à la clinique Maylis à Narrosse et elle adore son travail. Au départ elle avait fait des études de secrétariat mais c’était très bouché. Alors elle a enchainé les petits boulots, le tri des asperges, l’insémination des canards, le ménage en camping.  Elle a galéré jusqu’au 1er mars 2014 où elle a obtenu son premier CDI à la clinique. 

Elle aime son métier parce qu’elle aime les gens. Elle sert les repas et fait le ménage. Les personnes dont elle s’occupe sont malades et lui renvoient énormément d’affection. Elle reçoit leurs confidences et se rend utile à leurs yeux. Quand elle part travailler, elle laisse les soucis au bas de la côte. Elle dit ça parce que la clinique est en hauteur.